MALESTROIT- ROCHEFORT EN TERRE
Inscrite dans la boucle d’un méandre de l’Oust, Malestroit est née au 11e siècle, à l’ombre d’une motte féodale, puis d’un château fort, bâti sur un ilot entre deux bras de la rivière contrôlant une voie de passage. Au 16e siècle, la construction de deux écluses à sas, parmi les premières de France, relie Malestroit à Redon; l’activité commerçante prend pleinement son essor et développe la cité aux Besants d’Or… Quatre faubourgs viennent entourer le centre historique intra-muros et les ruines de ses remparts. Des ruelles étroites ouvrent en direction du canal de Nantes à Brest, l’écluse et le chemin de halage.
L’église Saint-Gilles se remarque par les couleurs de ses différents matériaux et le mélange des styles employés qui la rendent si singulière. Au Moyen Âge, saint Gilles jouit d’une réelle popularité : un pèlerinage se développe à Malestroit au début du XVe siècle, suite au don d’une relique provenant de l’abbaye de Saint-Gillesdu-Gard. Vraisemblablement construite en 1144, à l’emplacement d’une fontaine antique, la première église romane aurait été dédiée à saint Hervé. À la fin du XIIe siècle, l’emploi de voûtes bombées de style angevin, conservées sur la croisée et le bras sud du transept, témoigne du prestige des seigneurs de Malestroit. Suite à un incendie en 1456, l’église est en partie rebâtie en style gothique. Une seconde nef est accolée à l’ancienne au nord, entrainant un double pignon occidental au centre duquel s’élève le mince clocher du beffroi de la ville. Outre un riche décor intérieur, l’église conserve, sur une de ses voûtes, des peintures datant du XIIIe siècle, récemment découvertes, qui représentent trois motifs animaliers : un éléphant, un félin et un centaure cornu.
La Maison du Pélican : cette riche et imposante maison évoque le passé florissant de la cité. Datant du XVe -XVIe siècle, elle présente une architecture en pan de bois, de type gothique, composée d’un rez-de-chaussée, de deux étages en encorbellement et d’un étage de comble ouvert dans le pignon. Son pan de bois conserve son principe de fenêtres d’origine, petites et rapprochées, qui viennent se rejoindre sur l’angle, semblable à celui des maisons de Vannes. Symbole du Christ, la sculpture du pélican, dont le bec a été remanié, est ici représentée avec les ailes recourbées en signe de protection et avec sa pitié, se perçant le ventre pour nourrir ses petits.
Cette maison en colombage est également appelée la « maison de la Truie qui file ». Elle repose sur un soubassement en pierres. Les étages en encorbellement font largement saillie. Au rez-de-chaussée, la bâtisse conserve sous ses anciens étals, en dalles de schiste vert, l'accès à la cave ouvert directement sur la place. Outre son architecture à colombages, cette maison se caractérise par un décor sculpté polychrome, varié et pittoresque. Ces hauts-reliefs ont pour sujets des personnages de fabliaux médiévaux.
L’Oust canalisé : reliée à la Vilaine et à la mer par l’Oust, Malestroit a véritablement développé son commerce et ses industries, grâce à sa rivière. La navigation sur l’Oust s’effectue à l’aide de péniches en bois, tirées par l’homme, puis par des chevaux sur le chemin de halage. Poursuivant le projet de Napoléon, du XIXe siècle, de favoriser l’acheminement des troupes, le canal de Nantes à Brest, mis en service en 1841, sert en fait pour les marchandises. Il apporte des matériaux nouveaux qui sont ensuite déchargés au port Saint-Julien, actif dès le XIIIe siècle. Afin de gérer et d’entretenir les écluses, permettant aux bateaux de franchir les dénivellations, des maisons éclusières sont construites le long du canal.
Nous quittons le canal en faisons un détour pour découvrir une petite cité de caractère, également classée parmi les plus beaux villages de France, Rochefort-en-Terre. C'est l'une des plus pittoresques de Bretagne intérieure, qui nous fait basculer quatre siècles en arrière, tant son unité architecturale a été préservée. Les rares maisons qui ne sont pas du XVIIème siècle, sont camouflées sous les fleurs ou noyées sous le lierre. Construit sur cet étonnant éperon de schiste dominant la vallée du Gueuzon, Rochefort semble niché dans un paysage onirique quasi montagneux noyé dans la verdure.
La place du puits et ses maisons datées du XiV au XVIIIè s.
La maison à tourelle est un ancien hôtel particulier du XVIème s.
Classé Monument Historique, cet édifice, des XIIe et XVIe siècles, possède une façade de style gothique flamboyant et un clocher roman.
L'emplacement excentré de la Collégiale est atypique. En effet, la tradition populaire raconte qu’au 10ème siècle, au moment des invasions normandes (vikings), un prêtre cacha, dans un tronc d’arbre creux, une statue de bois représentant la vierge et son enfant afin de la soustraire aux pillages. Deux siècles plus tard, une bergère aurait retrouvé cette statue dans ce même tronc ; on y construisit alors une église, à l’endroit même où la statue fut retrouvée. Cette histoire lui a même donné son nom, « Notre-Dame de la Tronchaye ». En effet, le vocable « Tronchaye » viendrait du mot « tronc ».
De beaux vitraux de l'église Notre Dame de la Tronchaye.
Le Parc du château de Rochefort-en-Terre, renommé "le jardin des peintres" est désormais un refuge pour les oiseaux, labellisé par la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux).
Dès le XIIème siècle, le château et la cité se construisent sur cet éperon rocheux, "la roche forte" qui donne son nom à la famille qui s'y installe.
Le domaine du château accueille les ruines de la forteresse médiévale (XIIème siècle) à l'histoire tumultueuse dont subsistent les remparts et le châtelet. Ils cohabitent avec un corps de logis construits au XXème siècle sur la base d'anciennes écuries du XVIIème siècle. C'est Alfred Klots, peintre américain francophile né à St Germain-en-Laye, qui investit la fortune de son épouse dans la construction de l'édifice et redonne un château à Rochefort-en-Terre.
Après avoir été un temps la propriété du Conseil Général du Morbihan, le château et son domaine sont aujourd'hui (depuis 2013) la propriété de la commune de Rochefort-en-Terre.
Une magnifique porte décorée de personnages.
Après la visite de ce beau petit village, un peu hors du temps, nous reprenons la vélodyssée longeant le canal pour rentrer à notre location de Montertelot.